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Marco Polo en sons, ombres et lumières sur la scène rolloise


TARTEGNIN - Francesco Biamonte, chanteur lyrique et metteur en scène, crée son nouveau spectacle au Casino de Rolle.

Ceinture et écharpe de soie pourpre, Marco Polo est là qui se dresse devant une ville imaginaire enluminée de couleurs de feu, survolée par des colombes opalines. La scène du théâtre du Casino de Rolle s’est ouverte sur un monde enchanteur. Francesco Biamonte répète son dernier spectacle «Les villes invisibles» qu’il a créé avec la Compagnie Controluce Teatro d’ombre de Turin et le musicien Antonio Albanese.

Chanteur lyrique à la tessiture baryton-basse, homme de lettres et de spectacle, le Tartevinois Francesco Biamonte est un trublion délicieux qui refuse la mise en boîte catégorique. «J’aime expérimenter les formes particulières de spectacles de chant: théâtre musical, théâtre plasticien… Je recherche les théâtres singuliers».

Interprète, mais aussi créateur d’œuvres, il aime marier les expressions artistiques. Il fuit les sentiers battus. Pour lui, la création ouvre des chemins de liberté. Aussi, c’est avec foi et passion que l’artiste a décidé de porter à la scène un texte qui n’est, a priori, pas fait pour cela. «Les villes invisibles», de l’écrivain et philosophe italien Italo Calvino, a su inspirer une adaptation à l’homme de théâtre mais aussi au chanteur.«Les villes que raconte Marco Polo à l’empereur des Tartares permettent un voyage musical qui suit tous les imaginaires. Des pièces de la Renaissance jusqu’à la musique contemporaine, le texte permet un sillage tout à fait particulier», souligne Francesco Biamonte. Ce sont des ombres projetées qui suggéreront les villes. «Ces ombres apportent une poésie visuelle. La lumière découpe la silhouette de ces lieux imaginaires, l’ombre en préserve le mystère et laisse libre cours à tous les fantasmes. Cette ombre est psychanalytique, elle reflète le vide, le mystère».Depuis 2009, Francesco Biamonte peut vivre de son art. Il partage son temps professionnel avec la radio, puisqu’il est producteur d’émissions sur Espace 2.

Retour sur l’itinéraire singulier d’un artiste éclectique

Né à Genève, Francesco Biamonte apprend les lettres classiques au Gymnase de la Cité à Lausanne. Puis il fait des études en littérature latine et allemande ainsi qu’en histoire de l’art. Après la réussite de sa licence, il entreprend une formation de chant au Conservatoire de Lausanne. Il obtient son diplôme avec la mention excellent. Toutefois, il ne renonce pas à travailler son art et prend des cours particuliers. Il a interprété avec l’avant-scène opéra de Neuchâtel de grands rôles du répertoire: Don Giovanni, Scarpia, Basilio, le vice-roi de La Périchole... Il a également fait des apparitions dans les opéras de Lausanne, Rennes, Besançon ou Vichy.

Pourtant, l’artiste ne souhaite pas suivre une carrière de chanteur d’opéra «Pour moi, c’est un monde trop hiérarchisé. Il y a les premiers – et ils ne sont pas nombreux – et tous les viennent-ensuite. C’est un monde où soit on est dans le juste soit dans le faux. J’ai préféré suivre une voie de prospection où tout est à créer».

Il est ainsi soliste de l’étonnant Pendulum Choir de Cod. Act (Premier prix du Japan Media Arts Festival et d’Ars Electronica Linz), donné entre 2011 et 2016, notamment à New York, Wroclaw, Lucerne, Malte, Toulouse, Tokyo... Un spectacle qui marie le chant et la sculpture que constituent les corps des chanteurs. Ceux-ci étant placés sur des plateformes inclinables. Avec les mêmes créateurs, en 2016, Francesco Biamonte est soliste et coach de l’ensemble vocal de la HEMU de Lausanne dans «Orbital Choir», performance pour voix, électronique et balistique humaine, sur le pavillon suisse des Jeux olympiques de Rio.

De plus, homme de lettres, il est critique littéraire et éditeur. Il est le créateur du premier site web de littérature suisse contemporaine.

Exigeant dans le travail, hyperstructuré, Francesco Biamonte ne croit pas à l’opposition des esprits structurés ou créatifs. «C’est un poncif totalement faux. La structure permet de fouiller une idée. Une fois la structure établie, l’imaginaire peut alors s’exprimer librement sans la censure du doute de faire fausse route». Enflammé, passionné, le Tartevinois doit subitement rejoindre la scène, pour reprendre la répétition de son spectacle...

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